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Les carrières linéaires c’est fini. et ça pose beaucoup de questions…

Temps de lecture : 7'

Pour les jeunes, le CDI à vie, c’est fini. Il court même le bruit que si l’on a moins de 30 ans aujourd’hui, on exercera en moyenne plus de 10 métiers différents dans sa vie, dont la plupart n’existent pas encore. Pourtant, rien ne nous a préparé à cela… Grâce aux ateliers somanyWays, nous avons pu recueillir le témoignage de plus de 150 jeunes en questionnement professionnel. Cela nous a permis de mieux comprendre les différents modes de perception d’une génération qui veut et qui doit changer son rapport au travail.

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La fin des carrières linéaires

Il est désormais difficile d’ignorer que les carrières toutes tracées ne sont plus à l’ordre du jour. Le débat s’est installé sur nos places publiques et la « courbe du chômage » hante notre imaginaire collectif. Et pour les jeunes (dont nous faisons partie), cette nouvelle réalité est vécue dès les premiers pas dans le monde du travail.

En effet, 86 % des premières embauches se font en contrat précaire. (intérim, contrats aidés, CDD…)

Cela signifie que, lorsque nous avons enfin trouvé notre premier job, souvent après de longs mois de recherche, le parcours du combattant ne fait que commencer. Puisqu’il a une durée déterminée, il faut déjà anticiper la suite et, dans un coin de nos têtes, les questions se pressent déjà.

Et puis une fois que nous avons décroché le sacro-saint CDI, nous nous rendons parfois compte que, finalement, nous ne nous voyons pas rester ici trop longtemps…

45,6% des CDI sont rompus avant le premier anniversaire chez les salariés de moins de 24 ans.

Que nous ayons le sentiment d’avoir fait le tour du poste ou que nous nous rendions compte que ce job n’est pas fait pour nous ; que nous ne trouvions pas notre place dans l’organisation ou que nous ayons juste soif de découvrir autre chose ; le résultat est le même. Nous avons la bougeotte ! Et c’est généralement là que s’invite une nouvelle question.

Ces deux points illustrent une tendance de fond : les transitions, qu’elles soient choisies ou subies, font désormais partie intégrante de notre vie professionnelle.

Des parcours à construire et beaucoup de questions

Si le constat chiffré commence à se faire une place dans le débat public, à l’échelle des individus, il n’est pas toujours simple d’appréhender cette nouvelle réalité du travail. À chaque étape de nos parcours, nous doutons, nous nous interrogeons. Et faute d’espace pour en parler, nous finissons souvent par nous croire seul dans ce cas. Nous sommes pourtant très nombreux à nous poser les mêmes questions !

Nos expériences et celles de notre entourage nous ont donc donné envie de creuser le sujet. Pour mieux comprendre les doutes et les besoins de ceux qui préparent ou sont confrontés à leurs premières transitions professionnelles ; mais également pour mieux appréhender les multiples paradoxes du rapport des jeunes au travail que cela implique.

Car c’est bien de cela dont il s’agit : en passant de la carrière linéaire aux parcours singuliers, nous sommes passés d’une vision collective à une vision individuelle du travail, avec presque autant de conceptions du sujet que d’individus. Les jeunes, comme toutes les générations d’ailleurs, ne sont donc définitivement pas un bloc monolithique aux envies et aux besoins uniformes. Forts de nos échanges et de nos observations sur le terrain, nous souhaitons aujourd’hui apporter un autre regard pour nuancer le débat sur “les aspirations des jeunes”.

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Des transitions = des aspirations

À chaque transition professionnelle reviennent immanquablement les mêmes questions.

Les échanges que nous avons eus avec plus de 150 jeunes entre 20 et 35 ans nous ont permis d’identifier 4 modes de questionnement et de perception du travail, qui permettent d’expliquer nos arbitrages au moment de choisir notre prochaine étape professionnelle. Ces modes sont loin d’être figés, ils évoluent au contraire tout au long de nos parcours, en fonction de nos expériences et de notre tempérament.

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1°/ En mode « Stabilité »

Lorsque nous sommes “en mode stabilité”, nous concevons le travail avant tout comme un moyen de gagner notre vie. Nous attendons de notre job qu’il nous apporte sécurité et reconnaissance sociale. Si le poste que nous occupons ne nous convient pas tout à fait, nous réfléchirons longuement avant d’envisager de le quitter. Nous courrons alors le risque de nous désengager, voire d’entrer dans une période de réelle souffrance (vous savez, tous ces anglicismes en -out).

« Ce n’est pas le job de mes rêves, et parfois, j’y vais vraiment en traînant les pieds ! Mais bon, tu as vu comment c’est dehors ? »

Lorsque nous sommes dans ce mode et que nous subissons une transition (fin de CDD par exemple), elle est particulièrement mal vécue, avec au menu des festivités : dispersion, procrastination, perte de confiance et sentiment d’isolement.

« Depuis la fin de mon contrat il y a 2 mois, je pars dans tous les sens. Je ne sais plus quoi chercher ni comment m’y prendre, du coup je suis bloqué et je n’avance pas. Et puis à force on n’ose plus vraiment en parler… »

2°/ En mode « Quête de Sens »

Lorsque nous sommes “en mode quête de sens”, nous avons besoin de nous sentir utile et de contribuer à la société. Le poste occupé importe alors moins que la finalité de la structure pour laquelle nous travaillons. Si notre job actuel ne répond pas à ces aspirations, nous risquons alors de nous démotiver rapidement.

« Mon travail n’a plus aucun sens pour moi, je suis très frustré, complètement démotivé. J’ai vraiment besoin de me sentir plus utile »

À ce moment-là, nous sommes davantage prêts à accepter et provoquer les transitions, qui sont alors un moyen de s’engager dans des projets qui nous parlent davantage et qui partagent nos valeurs. Nous pouvons cependant nous sentir un peu seul(e) dans cette démarche, et craindre les conséquences de ce choix sur son mode de vie habituel.

« Il y a 3 mois je me suis dit que j’étais prêt, qu’il fallait que j’y aille, que j’amorce la dynamique pour chercher un job qui a du sens. Mais j’avais besoin d’aide pour passer à l’action, car il y a peu de personnes dans mon entourage qui partagent mes valeurs, qui pensent collectif. »

Une fois dans un job qui a “du sens”, nous ne sommes pas à l’abri des désillusions, surtout si nous avons fait ce choix pour fuir “l’entreprise classique”, sans nous poser réellement la question de ce qui fait vraiment sens pour nous.

3°/ En mode « Quête de Soi »

Lorsque nous sommes “en mode quête de soi”, nous percevons le travail comme un des moyens de nous accomplir personnellement. Nous cherchons à faire quelque chose qui nous corresponde vraiment, à nous sentir alignés. Nous aurons alors beaucoup de mal à rester longtemps dans un job qui ne nous permet pas d’apprendre et de grandir, d’exprimer notre singularité, d’avoir l’équilibre que nous recherchons.

« J’attends d’une organisation qu’elle me forme, je cherche un manager qui me fasse évoluer humainement, qui me stimule personnellement. »

C’est également un moment où nous sommes davantage à même de provoquer et vivre des transitions. Nous les voyons comme une opportunité de mieux nous connaître, de faire le point sur nos envies profondes, de développer de nouvelles compétences et d’élargir notre horizon.

“J’ai pris conscience que j’étais surtout dans un questionnement personnel sur ma personnalité et mes choix de vie et que tant que je ne serais pas au clair là-dessus, la réflexion sur les choix professionnels sera difficilement porteuse. Je suis dans une logique d’exploration active, pour aller vers quelque chose qui me convient davantage ! »

4°/ En mode « Réinvention »

Lorsque nous sommes “en mode réinvention”, nous souhaitons travailler différemment. Nous remettons en cause le modèle classique du salariat, nous ne voulons définitivement plus perdre notre vie à la gagner et nous provoquons (parfois après de long mois de réflexion) une transition.

« J’ai travaillé dans plusieurs boîtes, mais je crois que je suis pas fait pour ça ! Les horaires fixes, le patron, la fiche de poste… J’ai envie de travailler autrement, d’être plus libre. »

C’est dans ce mode que nous expérimentons le slash, le switch, le nomadisme ou la jachère. Les transitions professionnelles sont alors complètement intégrées à notre quotidien, nous rebondissons de mission en mission. Bien que nous semblons à l’aise avec ce mouvement, les doutes s’invitent tout de même régulièrement, avec notamment la peur de précarité ou le sentiment de manque de légitimité.

« J’ai une idée très précise de ce qui me correspond, mais je suis un peu perdu sur comment le faire ! Je me demande si je suis capable de le faire, si j’arriverai à en vivre.»

Et vous, dans quel “mode” vous sentez-vous en ce moment ? En tant qu’organisation, comment accompagnez-vous ces différentes aspirations ?

Faciliter la construction des parcours professionnels

Cette lecture du rapport des jeunes au travail est issue des observations que nous avons faites sur le terrain. Nous la vérifions et l’affinons jour après jour, notamment pour mieux comprendre les leviers qui nous font passer d’un mode à un autre au fur et à mesure de nos parcours. Nous avons en effet la conviction que bien comprendre les attentes et les besoins de ceux qui arrivent dans le monde professionnel permettra de réduire les tensions provoquées par le travail à l’échelle individuelle et collective.

Nous vous avons partagé nos réflexions en l’état ; pour nuancer le débat ; pour inviter tous les acteurs concernés à co-construire avec nous les solutions qui permettront de fluidifier les parcours professionnels, d’anticiper les métiers et les organisations de demain :

  • À l’échelle individuelle, nous croyons qu’il faut apprendre à identifier ses besoins, ses aspirations et ses atouts, pour pouvoir rebondir de job en job, et se construire un parcours professionnel qui nous ressemble.
  • À l’échelle collective, nous croyons qu’il faut décloisonner les mondes de l’éducation supérieure, de l’insertion professionnelle et du travail ; pour réinventer nos manières de faire et de penser, pour permettre à chacun de trouver la place qui lui correspond dans la société, à chaque étape de son parcours professionnel.

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